lundi 3 février 2014

L’infidélité masculine (3/4) J

Elle est là. La troisième, la fameuse qui vérifie le proverbe « Jamais deux sans trois ». Vous jugerez peut-être que celle-ci est moins représentative de l’infidélité et que le coupable est moins condamnable. Ce n’est pas mon avis.

J. c’est mon ex. Un ex du collège, une histoire d’ados avec tout ce que cela comporte. Beaucoup de messages, des heures au bout du fil, des bisous mal assurés et se tenir la main dans la cour. On n’a pas été jusqu’au bout, c’est resté très chaste (oh j’étais petite hein !) ; on s’est séparés au bout de six mois quand la rentrée au lycée est arrivée et que nous sommes partis chacun dans un établissement différent.

Tic – Tac. L’année dernière, je reçois un message de J. sur les réseaux sociaux. On papote, on se taquine sur les bébés que nous étions quand on était ensemble et on échange nos numéros. J’apprends que J. a bien grandi, qu’il est maintenant cadre dans une grosse boîte et qu’il voyage énormément pour le travail. Il a une amoureuse depuis longtemps mais ils ne vivent pas encore ensemble car elle se partage entre la fac et les stages mais ça semble être pour bientôt. Je lui raconte mon quotidien, mes amours passées, mes emmerdes, mes projets et on se marre comme des gosses de voir que les routes que nous avions tracées adolescents ont finalement bifurquées. Je devais être écrivain et lui dentiste, on devait avoir 2 enfants et un labrador (cliché ?).

Les échanges deviennent quotidiens. Il profite de ses virées à l’étranger ou en province pour m’appeler prétextant que sa chérie ne comprendrait pas cette vieille amitié. Je ne juge pas, il gère sa relation comme il le sent. Le plus triste dans l’histoire, c’est que je la connais, elle, l’officielle, la femme de sa vie comme il dit. Ce n’est pas une amie, ni même une copine. On a juste un réseau commun et on se suit de loin sur Facebook.

Bref, on en arrive à se dire que ce serait génial de se revoir presque dix ans plus tard, avec nos moitiés respectives. Mais ma moitié à moi travaille beaucoup et n’arrête pas de me répéter « il veut juste te sauter » (parfois l’Homme est de bon conseil, il faut que j’apprenne à l’écouter) alors l’idée d’un déj’ à quatre s’éloigne. Pourtant J. a envie de me revoir, « juste tous les deux au pire » -au pire ?. Il m’invite à venir voir son nouvel appart tout beau tout neuf et si je veux, je peux rester pour le week-end, Môsieur prendra le canapé, c’est un gentleman.

Pourquoi je ne sens pas l’entourloupe ? Parce qu’il a l’air tellement heureux en couple, tellement amoureux, tellement honnête… Parce que je suis persuadée que s’il m’invite deux jours complets, il va forcément en parler à sa chère et tendre, parce que, parce que… ce n’est pas possible que ça tombe toujours sur moi. Je prépare donc mon week-end sous les réflexions de l’Homme « Tu fais ce que tu veux mais quand il te sautera dessus, tu viendras pas te plaindre » (Ouais l’Homme est super tolérant et ne doit pas avoir connaissance du terme Jalousie). Je réponds avec aplomb « C’est mon ami, on était gamins quand on est sortis ensemble, crois-moi, ça ne va pas chercher plus loin qu’un week-end de potes à bouffer et à papoter ! ».

Et l’histoire m’a donné raison. Personne ne m’a sauté dessus, j’ai bien mangé, j’ai rigolé, j’ai papoté et j’ai retrouvé mon vieux pote. Evidemment, il n’a rien dit à sa copine sous prétexte qu’elle ne comprendrait pas, blablabla. Ce sont leurs petites affaires et j’ai attendu patiemment devant la télévision qu’il finisse leur conversation de deux heures en veillant à ne faire aucun bruit ( pour éviter le «  c’est quoi ce cri derrière ? »- Je suis hyper respectueuse comme nana) même quand je me suis cognée le genou dans la table basse. C’est qui la plus forte ?

C’est le lendemain de mon retour que j’ai eu un choc. J’ai reçu un message de J. et j’ai du m’y reprendre à trois fois pour être sûre d’avoir bien lu.

« J’ai été plus heureux durant ce weekend avec toi que pendant toutes ces années avec O., je ne pense plus qu’à toi. J’ai rêvé que je rentrais le soir du travail et que je te trouvais dans notre maison avec notre enfant dans les bras. Je suis sûr que tu ressens la même chose. » Alors, arrête le LSD avant de te coucher et non, non, NON je ne ressens pas la même chose du tout. J’ai été claire avec lui : un mot de plus et je transférais directement ce message à cette pauvre O.

Je me suis sentie trahie. Parce qu’il avait joué le super copain qui s’intéresse à ma vie de couple alors qu’en réalité, il me matait probablement les fesses dès que je me retournais. L’infidélité ici n’est pas charnelle, pas physique, pas consommée. Et c’est peut-être ce qui est pire. Il a caché à sa moitié qu’il écrivait, téléphonait et voyait une autre fille pour qui, probablement, il éprouvait des sentiments et il a tenté sa chance, prêt à jeter cette malheureuse du jour au lendemain si je répondais oui. C’est en reprenant le fil des événements a posteriori que la situation m’est apparue plus glauque qu’elle ne m’avait semblé jusque là. Chaque message avait en fait un double sens dans un but de séduction. Il n’avait jamais eu l’intention que l’on se rencontre à 4 et ne me parlait de sa copine que pour me rassurer sur ses (fausses) intentions. Le souvenir des gestes durant ce week-end, même les plus anodins (un coup sur l’épaule) me donnaient la nausée. Un manipulateur. A vomir.

J. s’est marié un an jour pour jour après m’avoir envoyé ce message. J’en ai ri mais je trouve ça pathétique. Je me plais à penser qu’il s’est rendu compte de son erreur, un moment d’égarement peut-être et qu’il aime profondément celle qu’il a épousée. Mais, au fond, j’ai une théorie tout autre. Je vous laisse vous faire votre propre idée de ce scélérat (pendons le avec les autres et par les c******* por favor) avec une question :

Que ce serait-il passé si j’étais rentrée dans son jeu ?

Je ne vous raconte pas la mine réjouie de l’Homme quand il a pu placer « Qui avait raison ? » au moment du dîner. J’ai baissé les yeux et j’ai changé de sujet.

Trust me I’m perfect

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire