Comme
pour l’infidélité,
n’allez pas croire que ce titre signifie que le mensonge est un
vice uniquement masculin. Mesdames, pour ne vous citer qu’un seul
exemple : quand vous dites à Tante Suzette que le pull en laine
orange qu’elle vous a tricoté pour Noël est splendide et que, oh
non la manche plus longue d’un côté, ce n’est pas grave, ça
donne un chic présidentiel indéniable… vous mentez. Nous savons
bien que ce pull se retrouvera, dès votre retour à la maison, dans
un carton, rangé avec d’autres horreurs accumulées au fil des ans
(vestiges des anniversaires passés ou de virées shopping durant
lesquelles vous avez pensé que le latex/ l’imprimé hawaïen/ le
vert pistache reviendrait à la mode).
Ce
n’est pas un mensonge me direz-vous, c’est de la diplomatie
–parlons-en-.
Tante Suzette est teeeellement mignonne, vous n’avez pas eu le
courage cette année de lui dire que, vu l’état de votre compte en
banque, un chèque aurait été une idée bien plus lumineuse. Ce
sera pour l’année prochaine…
Bref,
vous voyez bien de quoi je parle. Nous sommes de sacrées menteuses,
tricheuses, arrangeuses de la vérité (« Oui Patron, le
dossier X sera prêt à temps ; il est quasiment finalisé sur
mon bureau » - si l’on considère qu’une page Word avec
juste un titre lui suffit, effectivement il est prêt).
Mais
revenons-en aux hommes. Ce que je cherche à vous expliquer ici
contrarie l’imaginaire collectif qui voudrait que ceux-ci soient
tous des menteurs nés. Certes, travestir la vérité est une
discipline qu’ils ont pratiqué très jeunes, qu’ils ont exercé
avec acharnement durant leur adolescence, qu’ils mettent en œuvre
dès qu’ils se retrouvent piégés mais pour laquelle ils n’auront
jamais l’assurance et le détachement féminins nécessaires pour
remporter le titre suprême. (Laissons leur tout de même une
chance.)
Un
sport, un challenge (et dieu sait comme les hommes aiment les
challenges – qui décapsulent le plus de bières avec ses dents en
une minute ?), voilà ce que représente le mensonge pour eux.
Même préparation physique et mentale avant l’effort, même
sudation pendant et même sensation de soulagement une fois l’épreuve
terminée.
L’épreuve
en question est de nous persuader d’une vérité improbable afin
d’éviter nos reproches assassins ou nos questions inquisitrices.
Les
lieux (en public, au téléphone, au supermarché, at
home…), spécialités («
t’étais où ? », « c’est qui cette fille ? »,
« à quoi tu penses ? ») et durées des compétitions
sont variés et les niveaux de pratique, d’endurance et de
talent différent selon les mâles.
Pour
ma part, tant que le mensonge porte sur des problématiques
domestiques mineures, je trouve ça presque adorable et me délecte
volontiers de voir mon cher et tendre se débattre tel une mouche
prise dans une toile d’araignée (oui, je suis l’araignée) et
m’expliquer quel événement extraordinaire a contrarié ses plans.
Parce que cette vaisselle, il comptait vraiment la faire, il avait
tout prévu, il avait déjà l’éponge dans une main et une
assiette sale dans l’autre quand les petits hommes verts ont sonné
à la porte. Durant ses numéros improvisés, je reste souvent
plantée face à lui, le regardant fixement et je ne dis rien car le
silence encourage l’homme à s’enfoncer dans son mensonge et ça,
c’est vraiment drôle. Il serait peut-être plus simple pour
Monsieur de reconnaître que son meilleur ami l’a appelé de bon
matin (11h30) pour une partie absolument passionnante de jeux vidéo
et qu’il n’a pas vu le temps passer. Mais soyons honnêtes, cette
sincérité entraînerait flot de reproches de notre part allant
parfois jusqu’au bris de la vaisselle (toujours pas faite
d’ailleurs !).
Si
nous sommes conscientes que dans le stratagème de l’homme,
s’assurer une tranquillité relative (jusqu’à la prochaine fois)
est la seule motivation, je propose plutôt d’envisager ça d’un
point de vue plus altruiste : si chéri ne veut pas que nous
nous fâchions, c’est parce que les yeux rouges de colère et la
bouche déformée d’exaspération, ça ne nous met pas en valeur et
puis les disputes, ça épuise et nous n’avons pas besoin de ça
après la journée harassante qui a été la nôtre. (Qu’il est
gentil !).
Rentrons
maintenant dans le moins mignon c’est-à-dire hors des tâches
ménagères et des heures de retour à la maison après des sorties
entre potes (bouchons sur la route – bah oui quand un avion de
l’armée se pose sur l’autoroute, ça ralentit…). Parlons des
vrais mensonges, ceux qui blessent et qui peuvent foutre en l’air
toute confiance dans un couple.
Finalement
si l’on ne considère que ceux qui peuvent créer des fractures
irréparables, il ne subsiste que deux catégories de mensonge :
celui sur la fidélité et celui sur les sentiments (celui sur
l'identité sexuelle ou les pratiques sado-maso je les laisse de
côté).
L’infidélité,
déjà traitée sur ce blog fait partie des disciplines
complémentaires au mensonge, tellement imbriquées entre elles qu’on
ne sait plus bien laquelle est motrice de l’autre. Toujours est-il
qu’à ce stade, je n’ai que peu de conseils à vous donner. Si
vous avez des doutes sur les relations que votre moitié entretient
avec une amie/collègue/coiffeuse/ vendeuse/serveuse ou si vous ne
comprenez pas ce qu’il fait si souvent loin de vous, faites le
suivre. Just kidding !
Quoi que je peux vous aider. Demandez-lui
clairement et comportez vous comme le juge d’une discipline
olympique. N’attendez pas de lui de grossières erreurs mais
guettez les indices microscopiques qui pourraient le trahir :
mains moites, regard fuyant, bégaiement, respiration inhabituelle,
colère excessive, transpiration… Même plan d’action s’il
s’agit de déterminer les sentiments qu’il a pour vous. Et
surtout restez calme et concentrée ; il se peut que, pour
Monsieur, ce soit la plus grande compétition de toute sa misérable
vie de menteur. Vous aurez peut-être la chance d’assister à
programme libre, une explosion, de mauvaise foi, de fausseté, un
enchevêtrement d’idées farfelues (le triple loots piqué du
mensonge) digne d’un champion du monde.
Ou
peut-être pas.
Peut-être
que votre homme n’aura rien à cacher cette fois-ci.
Comme
tous les sports de haut niveau, il est un âge où l’on doit
prendre sa retraite. On n’arrête pas pour autant la pratique mais
on lève le pied sur les compétitions, se contentant de rencontres
amicales, moins physiques. En clair, votre homme continuera de dire
que c’est le chien qui a renversé de la bière sur le canapé en
daim (quel chien ?) mais il y a matière à penser qu’il
n’aura plus la force et l’imagination d’un menteur entraîné.
De deux choses l’une : soit il deviendra honnête, soit il se
trahira pitoyablement de plus en plus souvent.
D’ici
là, soyez indulgentes pour ces pauvres êtres qui n’ont pas notre
classe et notre capacité de conviction quand ils mentent !
Trust me I’m perfect (et ce n’est pas un mensonge !)
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